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Communiqué de presse du 11 juin 2025

Le bien-être au travail : une priorité

dans le milieu des arts vivants romand

 

Suite aux multiples scandales dans le milieu des arts vivants, la Coordination romande des arts de la scène (CRAS), réunissant 9 faîtières cantonales et nationales et représentant en tout 534 compagnies d’arts de la scène indépendantes, tient à lancer un signal d’alerte et manifeste son besoin urgent d’agir.

Le milieu culturel en général et celui des arts vivants en particulier porte son lot d’affaires en lien avec les violences psychiques, sexistes et sexuelles, mais aussi d’affaires faisant ressortir l’exercice d’un pouvoir néfaste ; des situations et des comportements qui mettent en danger la santé physique et/ou psychique des personnes qui y sont confrontées. Ces dernières années, de nombreux cas ont été révélés dans la presse.

Pour que création artistique ne rime plus avec souffrance

Nous soutenons toutes les personnes qui ont souffert dans différentes situations de violence, qu’elles soient psychologiques ou physiques, qu’elles relèvent du sexisme, du racisme, de la mise en danger des personnes, qu’elles mettent en lumière les enjeux de pouvoir et de domination. Nous admirons le courage de celles et ceux qui ont témoigné. Nous ne tolérons plus que la pratique artistique se fasse dans la souffrance. On peut créer, même des œuvres fortes et immortelles, sans être tyrannique.

A la recherche de solutions, nous avons pris connaissance du Rapport de l’Assemblée nationale française de la commission d’enquête relative aux violences commises dans les secteurs du cinéma, de l’audiovisuel, du spectacle vivant, de la mode et de la publicité.

Les principaux facteurs menant aux violences sont :

  • les rapports de pouvoir et la hiérarchisation très forte du milieu
  • le recrutement par cooptation
  • la précarité propre aux intermittents du spectacle, faite de contrats courts et dont les temps de travail sont fractionnés, de rémunérations souvent faibles et d’employeurs multiples
  • les conditions de travail (travail de nuit, périodes intenses, pression liée à l’exigence artistique)
  • le rôle prépondérant du corps des personnes dans ce secteur et la proximité physique
  • le caractère artisanal de chaque production, le sentiment de contribuer à une entreprise unique et exceptionnelle, le fait de ne pas considérer ces professions comme un « travail » au sens strict
  • la règle tacite qui dicte que “The show must go on”
  • le déni collectif : la culture a longtemps fermé les yeux sur ces violences, alors même que les agressions sexuelles et les viols sont pénalisés depuis des décennies

Un élément majeur qui ressort du rapport est que « la responsabilité de la lutte contre les violences ne peut pas reposer sur les victimes prises individuellement, mais relève de l’ordre public et donc de la société dans son ensemble. Les violences sur le lieu de travail ne sont pas des faits divers, mais des faits de société, et appellent dès lors une prise en charge collective. » (p.24)

Parmi les 86 recommandations émises par la commission, nous relevons notamment (condensées et reformulées) :

  • la responsabilisation des structures et des personnes employeuses
  • des mesures de préventions
  • le contrôle et la surveillance par différentes instances
  • l’accompagnement des victimes
  • l’amélioration du système judiciaire
  • une meilleure représentation des minorités (femmes, personnes racisées, personnes en situation de handicap, personnes trans* etc.) dans le milieu, afin de diminuer au maximum les possibles rapports d’oppression

Mais surtout

  • une meilleure formation des acteur·ices du secteur, sur les questions des violences physiques, morales, sexistes et sexuelles.

Une formation pour prévenir et savoir faire face

La CRAS travaille actuellement, en collaboration avec d’autres associations du milieu, à la mise sur pied d’une formation spécifique aux différents types de violence, destinée à touxtes les intervenant·es du secteur des Arts vivants.

Cette formation couvrira à la fois le plan juridique (qui porte quelles responsabilités), mais aussi systémique (comment peuvent émerger les violences, pourquoi, comment les prévenir), le tout assorti de mises en situation afin de pouvoir éprouver physiquement mais dans un cadre sécurisé, ce que peut signifier cette violence.

Nous espérons qu’une fois ce projet mis sur pied, il sera suivi par l’entier du milieu (personnel administratif, artistique, technique) et soutenu financièrement par les autorités.

Enfin, même si la parole se libère et que de nombreux cas problématiques sont apparus au grand jour ces dernières années, nous aimerions rappeler que la majorité des créations se passent dans des dynamiques saines.

Nous nous réjouissons de voir une grande partie de nos membres s’activer pour créer des environnements de travail durables et exempts de dynamiques toxiques. Nous espérons que ces personnalités seront mises en lumière, montrant ainsi la voie à suivre.

 

La CRAS est composée des associations suivantes :

Forces Vives – Valais, Les Compagnies Vaudoises – Vaud, Tigre – Genève, RP Danses – Genève, Le DACH – Bienne, APIAS – Neuchâtel, Théâtre Pro NE – Neuchâtel, Faîtière fribourgeoise des arts vivants (FFAV) – Fribourg, Fédération des arts de rue suisses (FARS)

Contacts :

Claire Nicolas, coprésidente Les Compagnies Vaudoises, 078 659 82 78

Julien Opoix, coprésident Les Compagnies Vaudoises, 076 822 18 77